D'où viens-tu?

Dec 01 2022
Un patriote improbable au Qatar
"D'où viens-tu?" "Toronto". "Mais où à l'origine", n'est pas une question inhabituelle de la part d'un Caucasien âgé.
Stade international Khalifa, Qatar, 2022.

"D'où viens-tu?"

"Toronto".

"Mais où à l'origine", n'est pas une question inhabituelle de la part d'un Caucasien âgé.

"Hong Kong". Il hoche la tête, plus de questions.

J'ai tiré sur les drapeaux canadiens géants qui étaient enroulés autour de mon épaule, j'ai fixé mon épinglette à feuille d'érable que j'ai jetée sur mon T-shirt canadien. Aurais-je dû maquiller un drapeau canadien? Portait un couvre-chef feuille d'érable rouge?

Je pense probablement trop à cela. Je demande tout le temps aux gens d'où ils viennent.

Les Canadiens sont de toutes formes et de toutes tailles, de toutes les couleurs de peau, de partout dans le monde. En fait, les immigrants représentent 23 % de la population canadienne en 2021. La plupart s'installent dans les villes. Dans la région métropolitaine de Toronto, la minorité visible est depuis devenue majoritaire.

En tant que Canadien né à Hong Kong vivant maintenant à Londres, je me sens aussi Canadien que n'importe qui ici au Qatar qui encourage notre équipe canadienne au stade Kalifa. J'ai grandi et passé la majeure partie de ma vie au Canada. Mon mari et moi avons pris l'avion pour le Qatar, pour ce match sur des vols yeux rouges. Il est le fan de football. Je suis le plus un. Nous voici entourés d'autres partisans canadiens enthousiastes qui ont fait le tour du monde pour voir Équipe Canada en phase de groupes de la Coupe du monde.

Oui nous pouvons. Deuxième fois en Coupe du monde depuis 1986. Total de 32 équipes qualifiées pour la phase de groupes. L'Italie n'y est pas parvenue. Le Canada l'a fait.

Improbable, pas impossible.

Lors de la cérémonie, on voit le drapeau canadien et on entend l'hymne national. La fierté nationale coule dans mes veines, le patriotisme s'engouffre. Je ne m'y attendais pas. J'aime le Canada, mais pas de cette façon. Ce sont des sentiments pour les trompettes ou les vétérans de la Seconde Guerre mondiale, pas pour moi. Je suis jeune, moderne et global. Me voici, un patriote improbable, chantant fièrement l'hymne national, terriblement mais fort, rempli d'un énorme sentiment de fierté nationale. Qu'est-il arrivé?

Le Canada est le pays qui m'a accueilli, moi et ma famille. Mon père a grandi pendant la Révolution culturelle et a planifié sa sortie de Hong Kong au moment où il a appris la rétrocession de la ville en 1997. Le Canada nous a donné la chance de prospérer, d'être acceptés tels que nous sommes et de réussir selon nos conditions. Le Canada ressemble moins à un creuset qu'à une mosaïque.

Le jeu a commencé, me demande mon esprit, reprenant à peine mon souffle de la cérémonie d'ouverture.

Deux minutes plus tard, "Alphonso Davies a marqué." Nous avons été choqués.

Improbable, pas impossible.

Notre premier but en Coupe du monde, jamais. Me voici témoin de l'histoire du soccer canadien.

Étourdi. J'étais en larmes. Il y avait aussi pas mal d'autres fans de football aux yeux larmoyants dans le stade autour de moi.

Nous nous sommes embrassés, nous avons applaudi, nous avons crié. C'était électrisant. Ensemble, nous avons été unis par ce moment de pure joie qui ressemble à de l'extase. Nous avons été témoins de l'histoire. NOUS assistons à l'histoire.

Le jeu a continué. Les 90 minutes qui ont suivi ont été comme une longue séquence de défaites qui aspire l'air de nos poumons et tord nos visages en fronçant les sourcils.

Nous avons attendu, nous avons soupiré, nous avons juré. Ensemble, nous étions unis par une déception partagée, étirée sur 90 minutes, avec quelques intervalles de coups de poing à chaque fois que la Croatie marquait.

Le premier but a fait grandir nos espoirs pour les partisans canadiens du stade Kalifa et du monde entier. Puis les 90 minutes qui ont suivi sont devenues une goutte d'espoir lente et atroce. L'aurais-je refait ? Voler les yeux rouges au cours du week-end pour un match pour assister à une défaite 4-1 ? Absolument.

Ensemble, les Canadiens de partout étaient unis par notre équipe canadienne de soccer — peu importe d'où vous êtes né, peu importe d'où vous venez.

Le sport nous unit. Le Canada est mon pays, c'est mon équipe. Fier comme toujours, gagner ou perdre, j'étais là pour notre équipe canadienne pour le moment historique d'un premier but en Coupe du monde. Allez Canada. Nous ne faisons que commencer, la prochaine fois en 2026, chez nous. Oui nous pouvons.

Merci Équipe Canada, de m'avoir fait réaliser à quel point je suis fier d'être Canadien.

Cordialement,

Un patriote improbable